Côte d’Ivoire : Arrestation de Damana Pickass, une nouvelle séquence dans la fièvre post-électorale

Les enquêteurs affirment qu’il s’était aménagé une cachette sous son lit et disposait, de manière étonnante, d’une variété de liqueurs. À l’heure de son arrestation, il se serait effondré en larmes, implorant le pardon. « Trop tard », commentent sèchement certains responsables sécuritaires.

Cette arrestation intervient dans un climat politique encore marqué par les souvenirs brûlants de l’élection présidentielle de 2020, au cours de laquelle la candidature controversée d’Alassane Ouattara à un troisième mandat avait déclenché une vague de contestations. L’opposition, emmenée notamment par Pascal Affi N’Guessan et feu Henri Konan Bédié, avait dénoncé un processus biaisé, tandis que la rue s’enflammait dans plusieurs localités du pays. Les violences, qui avaient fait plusieurs dizaines de morts, avaient révélé la profonde fracture sociale que les acteurs politiques peinent encore à refermer.

Depuis lors, chaque épisode sécuritaire impliquant un cadre de l’opposition est scruté avec vigilance, tant les tensions latentes demeurent. L’arrestation de Damana Pickass s’inscrit ainsi dans une dynamique de fermeté affichée par le pouvoir, déterminé à couper court à toute tentative de relance des mobilisations contestataires. Pour ses partisans, au contraire, il s’agit d’un nouvel acte d’“intimidation” visant à étouffer la voix dissidente du PPA-CI.

À mesure que la Côte d’Ivoire se prépare à de nouvelles échéances électorales, ce type d’incident rappelle la fragilité d’un paysage politique où les blessures du passé ne sont jamais totalement refermées. L’affaire Pickass, à n’en pas douter, relancera le débat national sur l’équilibre entre sécurité publique, libertés politiques et nécessité de préserver une paix civile encore vulnérable.

Oladélé