La tragédie silencieuse

Mars 12, 2025 - 08:04
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La tragédie silencieuse

L’esclavage. Entre passivité et activité, le Maghreb s’avère de nos jours le spectre de l’exploitation des ressortissants de l’Afrique noire, sujets et objets d’un commerce inhumain et de rançon au bout de la chaîne. Une tragédie silencieuse qui interpelle au 21ème siècle. 

L’esclavage reste un héritage antique qui appâte toujours le Maghreb.

Selon le rapport, “Traite d’Etat : expulsion et vente de migrants de la Tunisie vers la Libye“ produit par le collectif « chercheurs et chercheuses X » (RRX en anglais) - un groupe de chercheurs anonymes et transmis, fin janvier 2025 au Parlement européen, les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne sont victimes de plusieurs maux inhumains dans le Nord de l’Afrique. Une fois arrêtées, les victimes sont expulsées vers les frontières libyennes où elles sont vendues entre 7875 et 59 000 F CFA. Elles font ensuite objet de rançon que doivent payer les familles qui voudraient leurs libertés. Ce recueil de 30 témoignages d’exactions faites entre juin 2023 et novembre 2024 révèle assez de traitements inhumains, autres que le trafic humains.

Certes, ce rapport met aux bancs des accusés la Tunisie et la Libye. Cependant, les pays maghrébins sont tous coutumiers des faits de toutes sortes de traitements inhumains allant même à l’exploitation sexuelle et à la mort pour certaines victimes qui opposent de la  résistance. C’est une tragédie aussi vieille que l’avènement de l’immigration et de la migration qui passe silencieusement sous l’indifférente volonté politique africaine désinvolte. Au sein des Etats du Maghreb - le Maroc, l’Algérie la Tunisie, la Libye et la Mauritanie- il y a certaines mains d’œuvre, des immigrés réguliers ou non qui n’étaient pas en transit comme les migrants clandestins, mais qui subissent l’esclavage pour la simple raison qu’ils étaient en quête d’une vie meilleure. Les cas sont légion et le mal prend de l’ampleur.

Et pour cause

Une jeunesse africaine inconsciente, ignorante et peu renseignée candidate à la mort par la traversée du désert et de la méditerranée à la quête de l’eldorado. Cette aventure incertaine et risquée, les dirigeants africains l’auraient permis d’une manière ou d’une autre. Car, les Etats africains ne sont pas encore prêts à créer ni de l’emploi durable, ni de la richesse, ni même à encourager comme il se doit, le secteur privé afin de mettre en confiance la relève, dont ces milliers de jeunes candidatent à la mort inutile. Les Etats africains emploient peu en termes de mains d’œuvre et la rémunération laisse à désirer. Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG-2023) au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (EUMOA) est en franc CFA de : 52 000 au Bénin; 52 500 au Togo; 75 000 en Côte d’Ivoire; 45 000 au Burkina-Faso ; 30 000 au Niger; 40 000 au Mali; 64 223 au Sénégal et de 59 000 en Guinée Bissau.

Le mal du Maghreb est qu’il ne peut pas y avoir vendeur sans acheteur de migrants. Ce tandem vendeur-acheteur établit clairement le trafic actif qui va de pair avec celui passif. Le crime passe sous silence étant-donné que ce sont les victimes elles-mêmes qui viennent aux mains des oppresseurs. Et pourtant, l’esclavage n’est-elle pas abolie, depuis le 27 avril 1848 ? Le faire autrement au 21ème siècle est criminel. Le faire sur le continent et par des africains eux-mêmes sur une race de souches africaine est avilissant et déplorable. Cette pratique ignoble est à décourager sur toute la ligne et les soi-disant passeurs qui enrôlent les potentielles victimes sont à traquer. Car sans eux, il sera peu probable que tout seul, un individu s’aventure ex nihilo, dans un tel projet attentatoire à sa propre vie.

C’est inadmissible et inconcevable que des africains du Maghreb commercialisent leurs frères et sœurs de l’Afrique subsaharienne. La résolution de cette situation qui s’apparente au racisme doit être une urgence pour les dirigeants africains. En tout état de causes, les migrants ont le droit de tenter une meilleure vie sous d’autres cieux, mais de façon régulière. Ce faisant, leur engagement dans l’aventure ne peut en aucun cas, les soumettre à la captivité et donc à l’esclavage.  Pour corriger le tir, les pays de l’Union européenne, destinations finales où ils deviennent immigrés irréguliers, doivent jouer leurs partitions.

Par Comlan Anicet TIDJO

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