Tribune — Real Madrid : et si Xabi Alonso avait un problème avec les Brésiliens ?
Sous la rigueur glaciale de son nouveau coach, le Real Madrid semble peu à peu se refermer sur lui-même, reléguant au second plan la flamme sud-américaine qui faisait sa magie.
Une nouvelle ère… sans chaleur tropicale
Le Real Madrid d’aujourd’hui ne danse plus.
Le Bernabéu, autrefois habité par la fougue brésilienne, semble désormais dominé par le contrôle, la tactique, la rigueur.
Depuis l’arrivée de Xabi Alonso, c’est comme si un couvercle s’était refermé sur la marmite bouillante qu’étaient les Brésiliens du Real.
Et beaucoup se posent la question : le Basque ne serait-il pas en train d’éteindre la samba madrilène ?
Vinícius Jr, l’insoumis devenu cible
Tout a commencé par un Clasico électrique.
Remplacé en pleine euphorie, Vinícius Jr quitte la pelouse furieux, invectivant le banc, incompris, blessé dans son orgueil.
Quelques heures plus tard, il s’excuse auprès du club, du président, des supporters, de ses coéquipiers… mais pas de son entraîneur.
Une omission symbolique, qui dit tout d’un lien brisé.
Selon la presse espagnole, Alonso lui aurait lancé devant le groupe :
« Les plaintes, c’est en privé, pas à la vue de tout le monde. »
Une phrase sèche, froide, presque professorale.
Mais surtout, une ligne de fracture : celle qui sépare le feu brésilien de la glace basque.
Rodrygo, Endrick, Militão : la distance s’installe
Rodrygo, autre enfant du Brésil, n’échappe pas à cette atmosphère lourde.
Ballotté de poste en poste, sans continuité ni confiance affichée, il semble s’éteindre à petit feu.
Militão, lui, revient de blessure et conserve un statut respecté, mais sans l’aura d’antan.
Et que dire du jeune Endrick, la pépite que tout le Brésil rêvait de voir s’épanouir à Madrid ?
À peine arrivé, il découvre déjà la frustration des bancs et les rumeurs de prêt.
Le Real l’avait acheté pour préparer le futur, Alonso semble décidé à le retarder.
Difficile, dans ces conditions, de ne pas y voir un schéma : celui d’une méfiance latente envers les profils brésiliens, jugés trop libres, trop instinctifs, trop émotionnels pour le carcan du nouvel entraîneur.
Xabi Alonso, l’ingénieur face aux poètes
Xabi Alonso ne cache pas son école : il est l’enfant de la rigueur, du pressing structuré, du bloc ordonné.
Un football pensé, mesuré, calculé — à mille lieues de la spontanéité tropicale de ses joueurs.
Lui parle de transitions, d’équilibres, de “structure”.
Eux parlent de rythme, de dribble, de flair.
Cette divergence n’est pas seulement tactique.
Elle est culturelle.
Car derrière chaque passe de Vinícius, chaque improvisation de Rodrygo, il y a un peu de Pelé, un peu de Ronaldinho, un peu de cette insouciance joyeuse qui rend le football magique.
Et Xabi, lui, semble vouloir remplacer la samba par le métronome.
Un Real Madrid sans âme ?
Peut-être qu’Alonso gagnera. Peut-être qu’il disciplinera les artistes.
Mais que restera-t-il de ce Real Madrid qui faisait rêver ?
De cette passerelle entre Madrid et Rio, entre gloire et plaisir ?
Depuis Didi en 1959 jusqu’à Vinícius aujourd’hui, le Brésil a toujours été le poumon du Real.
C’est le Brésil qui a donné au club sa lumière, sa joie, son panache.
Mais aujourd’hui, sous Xabi Alonso, le Real semble préférer le contrôle à la couleur, la mécanique à la magie.
Xabi Alonso n’a peut-être pas “quelque chose contre les Brésiliens”.
Mais il semble ne pas comprendre ce qu’ils sont.
Et c’est peut-être pire.
Car dans son incapacité à aimer ce qu’il ne peut pas contrôler, il est en train d’étouffer la flamme même qui faisait du Real Madrid un club d’exception.
Un Real Madrid sans folie brésilienne, c’est comme une guitare sans corde :
parfaitement taillée, mais incapable de chanter.
Guy L CHAFFA
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