Au Bureau ovale, les questions incisives d’ABC News mettent Donald Trump sous pression face au prince héritier saoudien
Une scène tendue s’est jouée mardi au Bureau ovale lors de la visite officielle du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS). Alors que la Maison-Blanche voulait faire de ce moment une démonstration d’alliance stratégique retrouvée entre Washington et Riyad, c’est finalement l’échange entre Donald Trump et Mary Bruce, correspondante d’ABC News, qui a retenu l’attention des médias américains.
La journaliste a enchaîné trois questions précises, documentées et directement liées aux controverses entourant à la fois la famille Trump, l’Arabie saoudite et les dossiers sensibles du renseignement américain — provoquant une réaction virulente du président.
Un premier coup de pression : le conflit d’intérêt potentiel de la famille Trump
L’échange démarre sur un terrain épineux. Mary Bruce interroge frontalement Donald Trump :
« Monsieur le Président, est-il approprié que votre famille fasse des affaires en Arabie saoudite pendant que vous êtes à la Maison-Blanche ? Ne s’agit-il pas d’un conflit d’intérêt ? »
Visiblement agacé, Trump balaie l’accusation :
« Je n’ai rien à voir avec tout ça. Ils n’ont fait que très peu de choses en Arabie saoudite, vraiment très peu. »
Le ton est donné : la journaliste n’a pas l’intention de se contenter des éléments de langage. L’atmosphère, jusque-là diplomatique, se crispe.
La question explosive sur le meurtre de Jamal Khashoggi
Mary Bruce se tourne ensuite vers le prince héritier. Sa question, directe, glace la pièce :
« Votre Altesse Royale, le renseignement américain a conclu que vous aviez orchestré le meurtre brutal d’un journaliste. Pourquoi les Américains devraient-ils vous faire confiance ? Et Monsieur le Président, pourquoi l’honorer d’une visite au Bureau ovale malgré cela ? »
Donald Trump intervient immédiatement, visiblement irrité :
« Vous n’avez pas à embarrasser notre invité avec une question comme ça. »
Il minimise alors très fortement les conclusions du renseignement américain, affirmant :
« Beaucoup de gens ne l’appréciaient pas… Des choses arrivent. Mais le prince ne savait rien. »
Mohammed ben Salmane, lui, décrit l’assassinat de Jamal Khashoggi comme une « erreur énorme » et un épisode « douloureux ».
Mais l’essentiel est ailleurs : Trump est remonté, et la tension monte encore.
Troisième détonation : les fichiers Epstein
Mary Bruce aborde ensuite un autre dossier brûlant :
« Pourquoi attendez-vous une action du Congrès pour publier les fichiers concernant Jeffrey Epstein ? Ne pouvez-vous pas ordonner leur divulgation immédiate ? »
La question déclenche la colère du président, qui se détourne presque du contenu pour s’attaquer à la journaliste elle-même :
« Ce n’est pas la question, c’est votre attitude. Je pense que vous êtes une terrible journaliste. »
Et il ajoute, accusant ABC de désinformation :
« Votre chaîne est tellement fausse… Je pense que votre licence devrait être retirée. La FCC devrait regarder ça. »
La menace est lourde : retirer la licence de diffusion d’un réseau national est un geste extrêmement rare, quasiment inexistant dans l’histoire récente américaine.
Trump conclut :
« Plus de questions de votre part. »
Une scène qui embarrasse Washington et fait réagir la presse
La séquence a immédiatement suscité de nombreuses réactions :
Du côté des médias
- Le Washington Post souligne que Trump a délibérément minimisé le rôle présumé de MBS dans l’assassinat de Khashoggi, malgré les conclusions claires des agences de renseignement américaines.
- Reuters rappelle que la FCC n’a jamais retiré une licence pour des raisons éditoriales et qualifie la menace présidentielle d’“inquiétante”.
- Plusieurs analystes estiment que Mary Bruce a simplement rempli son rôle : poser des questions difficiles, même en contexte diplomatique.
Sur le plan politique
- Les organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent une tentative “ouverte d’intimidation d’un média critique”.
- L’opposition démocrate parle d’un “abus de pouvoir” et d’une “dérive autoritaire”.
- Les soutiens de Trump, eux, saluent un président “qui refuse la provocation et défend l’honneur d’un allié”.
Un enjeu plus large : diplomatie, image présidentielle et transparence
Cette scène résume trois tensions majeures du mandat Trump :
- La gestion des relations avec l’Arabie saoudite, accusée d’atteintes graves aux droits humains.
- Les soupçons persistants de conflits d’intérêts entre les activités économiques de la famille Trump et la diplomatie américaine.
- Le refus de transparence totale sur le dossier Epstein, qui reste extrêmement sensible.
Dans le Bureau ovale, Mary Bruce a soulevé, en quelques minutes, les trois points les plus explosifs de l’agenda politique américain — provoquant une réaction présidentielle aussitôt jugée excessive, et révélatrice, par plusieurs observateurs.
Oladélé
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