Les putschs: l’Afrique toute entière, désormais en état d’alerte
Le pouvoir en Afrique semble désormais, être au bout des armes et un chef d’Etat peut à tout moment, être renversé par les forces de sa propre sécurité et/ou celle du peuple. Loin d’une révolution militaire, chaque putsch reste justifié par de mobiles variant d’un contexte à un autre avec une spécificité par pays.
Le pouvoir en Afrique semble désormais, être au bout des armes et un chef d’Etat peut à tout moment, être renversé par les forces de sa propre sécurité et/ou celle du peuple. Loin d’une révolution militaire, chaque putsch reste justifié par de mobiles variant d’un contexte à un autre avec une spécificité par pays.
Par Anicet TIDJO
Le continent africain est devenu le théâtre de répétitifs putschs, ces deux dernières années. Certes, l’Afrique bat, depuis 1950 le record des coups de force : sur l’ensemble des 489 coups d’Etat orchestrés dans le monde entier, 218 sont des africains, devant l’Amérique du sud avec 146 putschs et 49 pour l’Asie de l’est. La recrudescence se caractérise en Afrique de l’Ouest, il y a environs 24 mois. Huit renversements de l’ordre constitutionnel par des forces de l’ordre et de défense. Une seule tentative a été déjouée sur cette période en Guinée Bissau. Dans la Cémac -Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale-, le Tchad et le Gabon n’ont pas échappé à cette tradition ressuscitée.
Toutes les institutions internationales et sous régionales sont unanimes, les coups d’Etat sont condamnés ; ce n’est pas un phénomène à encourager. Cependant, l’appréciation de l’après coups diffère d’un pays à un autre. Bien que le cas gabonais soit également condamné, il a visiblement la caution morale des mêmes puissances étrangères et acteurs qui se disent prêts à en découdre avec les nouveaux hommes forts de Niamey qui pour eux, doivent rétablir le président déchu, Mohamed Bazoun en tant que président de la République, démocratiquement élu.
Alors que les indices d’un coup d’Etat acté à savoir, la nomination d’un premier ministre et la composition d’un gouvernement de transition pour trois ans, après la séquestration du président déchu et la mise aux arrêts de plusieurs de ses ministres ont été relevés, des dirigeants de pays membres de la CEDEAO et Emmanuel Macron, le président français, choisissent délibérément de donner comme qualificatif au cas nigérien, “tentative de putsch“ et de ce fait, s’enlisent dans l’irréaliste pensée de libérer Bazoum des mains de ses bourreaux et de lui restituer le pouvoir. Un exploit que ni la CEDEAO, ni la France ou une autre puissance n’a pu réaliser en Afrique par le passé. Si pour la France, sa position dans la crise nigérienne est un secret de polichinelle, la défense de ses intérêts ; pour les autres présidents des pays membres de la CEDEAO, la leur ressort de la méfiance craintive vis-à-vis des putschs, devenus un effet de contagion en Afrique de l’ouest. Mali, Guinée, Burkina, Niger.
L’état d’alerte
L’inquiétude des autres présidents africains en poste, Alassane Dramane Ouattara, Faure Gnassingbé, Macky Sall, Patrice Talon, Bola Tinubu… prend sa source du fait qu’ils se sentent concernés par certaines raisons des renversements dont la menace “Djihadistes“ avec son corolaire d’insécurité transfrontalière, la mauvaise gouvernance, la fragilisation des institutions républicaines, les révisions constitutionnelles à dessein, la persécution et l’arrestation de véritables opposants, les élections exclusives, dépourvues de tout caractère démocratique… Ces faits sociopolitiques constituent des déviances à la limite, irréparables ; lesquels faits ont déjà motivé les renversements de l’ordre constitutionnel dans d’autres pays frères et rien ne garantit le contraire ailleurs, étant donné que les impaires ont été déjà commis et même prolifèrent dans certains Etats.
L’état d’alerte reste maximale malheureusement partout. Kagamé, Biya et Faure se sont récemment débarrassés des généraux et autres sous l’alibi des retraites. D’autres présidents eux, ont promu dans la même période, beaucoup d’hommes de rang, mais il y en a un qui entretient financièrement son armée et sa défense de sécurité, selon des recoupements. Ne pouvait-on pas éviter cette forme de dépendance et de crainte quotidienne voilée en gérant au mieux, les affaires d’Etat ? Dans une vidéo après sa chute, Ali Bongo se plaignait de ne savoir la position de sa femme et de son fils alors qu’il a eu 14 ans au pouvoir, le temps nécessaires de penser à eux en ces jours de renversement, une éventualité permanente.
Quelle est votre réaction ?