Paris/JO24: Cédric Nankin, le prototype de l’handicap vaincu
Fierté tricolore du rugby-fauteuil, le co-capitaine de l'équipe de France, âgé de seulement 25 ans, rêve de décrocher l’or devant son public en 2024. Première étape : la Coupe de Monde à Paris, qui s'est déroulé du 18 au 22 octobre en guise de test. Portrait d’un défenseur redoutable, surnommé « la machine ».
Fierté tricolore du rugby-fauteuil, le co-capitaine de l'équipe de France, âgé de seulement 25 ans, rêve de décrocher l’or devant son public en 2024. Première étape : la Coupe de Monde à Paris, qui s'est déroulé du 18 au 22 octobre en guise de test. Portrait d’un défenseur redoutable, surnommé « la machine ».
Au gymnase Emile-Anthoine (7e), Cédric Nankin joue à domicile. C’est là, à deux pas de la tour Eiffel, que le para-athlète, actuel vice-capitaine de l’équipe de France de rugby-fauteuil et soutenu par la Ville de Paris dans le cadre de la préparation des Jeux Paralympiques de Paris 2024, a découvert sa vocation : « Tout est parti d’une rencontre avec Ryadh Sallem en 2010 [également joueur en équipe de France, ndlr]. Il était en train de créer une section de rugby-fauteuil au sein du club CAP sport art aventure amitié (CAPSAAA), et il cherchait des joueurs. »
Au départ, Cédric, atteint d’une agénésie congénitale des membres supérieurs et inférieurs, hésite. « J’avais peur de me faire mal. Mais Ryadh a su me convaincre : il m’a amené à une démonstration de rugby-fauteuil devant l’Hôtel de Ville de Paris, et j'ai débuté en 2011.
La machine est lancée. Et l’ascension est fulgurante pour le talentueux Cédric Nankin. En 2013, le voici déjà en équipe de France, avant deux olympiades : « En 2016, j’ai participé à mes premiers Jeux Paralympiques à Rio, puis j’ai fait mes seconds à Tokyo, et j’espère être sélectionné pour les Jeux de 2024 ! » Avec un objectif : une médaille.
« Les Jeux à la maison, c’est énorme ! Jouer devant sa famille et son public, c’est une chance. J’espère vraiment décrocher une médaille et pas n’importe laquelle… la médaille d’or ! »
Cédric Nankin garde un souvenir très fort de ses premiers Jeux à Rio. « C’était magique. Lors de la cérémonie d’ouverture, j’en ai pris plein la tête et plein les yeux. » Un moment vécu comme « une récompense après tous les sacrifices faits pour les entraînements, toutes ces heures à se préparer pour être prêt pour les Jeux ».
Car le sport de haut niveau est exigeant. Depuis deux ans, Cédric jongle entre une carrière de sportif de haut niveau et celle d’adjoint méthodes MOA (maîtrise d’ouvrages) au sein de SNCF Réseau. Ses semaines sont bien remplies, avec des allers-retours entre son domicile dans l’Aisne, son travail à Saint-Denis et ses entraînements à Paris.
« J’ai la chance de pouvoir être en CDI tout en ayant du temps pour le rugby-fauteuil », se réjouit-il. Préparation physique, entraînements d’équipes, travail vidéo… Cédric Nankin ne ménage pas ses efforts, avec en ligne de mire les Jeux en 2024.
Mais qu’apprécie-t-il tant dans cette discipline hybride et spectaculaire qui mélange des règles de basket-ball, de hockey et de football américain ? « C'est un sport de contact, avec une forte dimension tactique. Il y a tout un positionnement à avoir pour bloquer les adversaires qui rappelle un peu une partie d'échecs. »
« Sur le terrain, on est des adversaires, on est des guerriers », sourit-il. « Mais en dehors, il y a une vraie atmosphère de camaraderie, comme celle qui existe au rugby. »
La discipline a été inventée par d’anciens footballeurs et hockeyeurs canadiens devenus tétraplégiques à la suite d’accidents de la vie, rappelle le jeune homme. « Pour le public, les règles sont parfois un peu compliquées à comprendre, car il y a beaucoup d’arrêts de jeu, et le ballon est rond pour pouvoir s’adapter aux handicaps des joueurs. »
Depuis les Jeux Paralympiques de Tokyo, où la France s'est hissée au 6e rang du tournoi, Cédric note un intérêt croissant du public et des médias. Ce sport, parfois percutant, contribuerait même à un changement de regard sur le handicap. « Quand on parle handicap, on pense d'abord à de la vulnérabilité », note Cédric Nankin. « Or avec le rugby fauteuil, il y a des chocs et les joueurs se rentrent dedans : cela change la vision que l'on peut avoir sur les personnes handicapées ! »
Source: Paris Centre Média (Clément Dorval)
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