Talon, sollicité ?!

Au détour d’un Conseil des ministres manqué, début mars 2023, les béninois eurent la confirmation comme à l’accoutumée, du déplacement du chef de l’Etat. Il a, à nouveau, filé sur Paris incognito ! Et pourtant, il n’y est pas pour un bilan de santé personnelle, mais peut-être pour faire consulter l’Etat béninois tout entier. Loin de là, il est officiellement attendu à l’Elysée pour un dîner au cours duquel, lui et sont homologue Français devront évoquer les promesses de fin juillet 2022 à Cotonou. Rien que ça ?

Dans les arcanes du pouvoir, la suivie de tels dossiers ressort des prérogatives des ministres et collaborateurs dont les départements sont concernés, en commun accord avec les Ambassadeurs des deux pays.

2023 reste l’année de mouvement pour Patrice Talon qui auparavant, semblait être esseulé ou réservé dans son coin. Rare de déplacement et moins visité, lors de son premier quinquennat, il fait observer le contraire, ces jours-ci. Un tour au Burkina mi Février à la rencontre du jeune président, Ibrahim Traoré et Patrice Talon aurait parlé de coopération. De son côté, Paul Kagamé, ce chef d’Etat rwandais, très inspirant et dont le pays est un modèle de développement pour Talon, est annoncé avec proclamation ostentatoire  à Cotonou. De même que le président Mohamed Bazoum du Niger qui y est attendu, ce même mois de mars.

Talon fait désormais ce dont il n’avait pas habitude alors que ses faits et gestes sont strictement calculés que rationnalisés. En clair, ce n’est pas pour le développement du Bénin qu’il bouge si tant. Car, il a prouvé par mille et une manières, avoir la solution pour l’essor du Bénin. Il sait faire  grandes choses avec les maigres ressources du pays, ajoutées aux emprunts qu’il honore également. Mieux, pour sa lutte implacable contre le trafic de drogue et la corruption, il a fait du Bénin, un bon élève pour le Fonds monétaire internationale et la Banque mondiale qui l’accompagnent. A-t-il par ailleurs, indiqué son désaccord sur l’usage de la violence ; allusion faite à guerre russo-ukrainienne.

L’ensemble de ces évènements font croire que Patrice Talon a pris un rôle pour la réparation de l’image de la France, désavouée en Afrique.  Ne s’est-il pas fait représenter à de grands rendez-vous internationaux; n’a-t-il pas géré le pouvoir d’Etat sans compter sur les pays frontaliers du Bénin et ceux de la sous-région ; n’a-t-il pas prouvé combien le Bénin ne pouvait pas se plier aux désidératas du Togo et/ou du Nigéria! Et même avec la France, les relations n’étaient pas au départ, les meilleures. Aujourd’hui, Macron et Talon peuvent se voir au besoin au moment où, le France a besoin de soutien pour défendre ses intérêts mis en cause au Mali, au Burkina…et tout porte à croire que d’autres pays entrent dans cette danse anticoloniale.

C’est justement dans une telle atmosphère diplomatique hostile à la France que le président Talon est visiblement sollicité ; étant donné que le Bénin reste un pays stable malgré des détentions et exils dits “politiques“.  A perdre du pouvoir et du terrain en Afrique, en raison des parts que prennent la Russie, la Chine… Macron et la France n’ont pas intérêt à être rejeté au Bénin. Car, le génie de Patrice Talon n’est pas à mettre à une épreuve banale. Ils le savent !

Par Anicet TIDJO