Gabon: la dynastie Bongo effondrée
55 ans de mandats cumulés entre le père et le fils. Plus d’un demi-siècle de gestion du pouvoir sans partage. Le long règne de la dynastie Bongo a pris fin, ce mardi 20 août 2023, suite à une déchéance du pouvoir conduite par l’armée gabonaise.
55 ans de mandats cumulés entre le père et le fils. Plus d’un demi-siècle de gestion du pouvoir sans partage. Le long règne de la dynastie Bongo a pris fin, ce mardi 20 août 2023, suite à une déchéance du pouvoir conduite par l’armée gabonaise.
Par Didi Koffi HOUNNOU
Bongo père et fils, une dynastie au pouvoir au Gabon, depuis plus de 55 ans. Un groupe de militaires a déclaré mettre "fin au régime" du président Ali Bongo, tout juste, réélu pour un troisième mandat à la tête du pays. Celui-ci avait succédé en 2009 à son père, Omar Bongo, qui a gouverné le pays durant plus de quarante ans. Chronologie. Fin de dynastie au Gabon ? Des militaires ont annoncé, mercredi 30 août, mettre "fin au régime en place" dans le pays, alors que les résultats officiels de la présidentielle de samedi venaient tout juste de consacrer la victoire du président Ali Bongo au pouvoir, depuis 14 ans et qui avait succédé à son père, Omar Bongo, lui-même resté à la tête du pays pendant 41 ans. L'opposition a régulièrement dénoncé la perpétuation d'une "dynastie Bongo" de plus de 55 ans à ce jour.
Omar Bongo, le patriarche au pouvoir de 1967 à 2009
Le 17 août 1960, l'indépendance du Gabon, ancienne colonie française, est proclamée. En février 1961, Léon Mba devient président. Trois ans plus tard, il est déposé lors d'un coup d'État, puis réinstallé grâce à une intervention de l'armée française. Le 12 novembre 1966, Albert-Bernard Bongo – qui deviendra plus tard Omar Bongo –, figure montante de la politique gabonaise, devient vice-président de Léon Mba.
Le vice-président Albert-Bernard Bongo, qui deviendra plus tard Omar Bongo Ondimba, prête serment aux côtés du président du Gabon, Léon Mba, lors d'une cérémonie à l'ambassade du Gabon à Paris, le 12 avril 1967. Un an plus tard, en décembre 1967, à la mort de Léon Mba, Albert-Bernard Bongo accède au pouvoir. Il impose le Parti démocratique gabonais (PDG) comme parti unique et dirige d'une main de fer, profitant notamment de la manne pétrolière.
En 1973, converti à l'islam, il devient "El Hadj Omar Bongo", nom auquel il ajoutera "Ondimba", celui de son père, en 2003. Seul candidat aux élections, il est élu président en 1973, 1979 et 1986. Parvenu au pouvoir avec l'aval de Paris, Omar Bongo Ondimba a été un des piliers de la "Françafrique", expression utilisée pour dénoncer un système de cooptation politique, réseaux occultes et chasses gardées commerciales mis sur pied après l'indépendance des colonies françaises d'Afrique noire.
En 1989, Omar Bongo offre un maroquin de luxe à son fils Ali qui, à 29 ans, devient ministre des Affaires étrangères, pendant deux ans. En 1999, il récupère le stratégique portefeuille de la Défense, qu'il occupera jusqu'en 2009.
De janvier à avril 1990, de graves troubles sociaux tournent à l'émeute. En mai, le multipartisme est adopté, mais Omar Bongo remporte toutes les élections présidentielles (1993, 1998 et 2005) face à une opposition qu'il parvient à diviser ou à rallier à sa cause. Les scrutins sont contestés ou suivis de violences.
2009: Ali Bongo arrive au pouvoir en héritier
Le 16 octobre 2009, Ali Bongo Ondimba, dont le père est mort en juin, est investi président. En août, il a été élu lors d'un scrutin contesté. Des violences post-électorales et des pillages ont secoué Port-Gentil, dans l'ouest du pays, faisant plusieurs morts. Rapidement, l'opposition dénonce une "dérive autoritaire" et une "personnalisation du pouvoir".
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