Fangnon Kofi Samuel : “L’Afrique ne vaincra pas sans la technologie”

L’intellectuel béninois Fangnon Kofi Samuel a livré une réflexion percutante sur les défis du continent africain, au détour d’une intervention passionnée. Son propos, parfois jugé rude par son propre aveu, se veut un électro-choc destiné à réveiller les consciences africaines, en particulier celles des élites. Son diagnostic est sans concession : le véritable problème de l’Afrique ne réside pas dans les lois ou les discours politiques, mais dans le retard technologique.

Septembre 22, 2025 - 15:10
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Fangnon Kofi Samuel : “L’Afrique ne vaincra pas sans la technologie”

L’intellectuel béninois Fangnon Kofi Samuel a livré une réflexion percutante sur les défis du continent africain, au détour d’une intervention passionnée. Son propos, parfois jugé rude par son propre aveu, se veut un électro-choc destiné à réveiller les consciences africaines, en particulier celles des élites. Son diagnostic est sans concession : le véritable problème de l’Afrique ne réside pas dans les lois ou les discours politiques, mais dans le retard technologique.

Une critique des intellectuels africains

Pour Fangnon Kofi Samuel, l’intellectuel africain a été formaté à “ne pas comprendre”. Trop souvent, explique-t-il, on réduit l’intellectuel à sa capacité de lire et d’écrire dans la langue de l’ancien colonisateur, au lieu de l’évaluer sur sa capacité à produire, à inventer et à répondre aux besoins concrets du peuple. « L’intellectuel chinois ou indien est capable de se nourrir lui-même et de nourrir son peuple. L’intellectuel africain, lui, reste prisonnier des discours et des émotions », martèle-t-il, dénonçant une dépendance chronique qui se traduit jusque dans les assiettes : riz, lait, sucre et autres produits de base importés.

Le problème des ressources naturelles

Au cœur de sa réflexion, Fangnon soulève une contradiction majeure : l’Afrique regorge de richesses naturelles, mais ignore leur véritable potentiel. « Si l’on demande à un Malien de montrer où se trouve son pétrole, il ne pourra pas. Si l’on demande à un Nigérien où se trouve son uranium, il ne saura pas. Ce sont toujours les autres, avec leur technologie, qui viennent nous révéler ce que nous possédons. Et c’est encore eux qui fixent les conditions d’exploitation », déplore-t-il.

Cette ignorance stratégique, selon lui, empêche le continent d’imposer sa souveraineté. Car comment dicter des lois, demande-t-il, quand on dépend des autres pour identifier, extraire et même transformer ses propres richesses ?

La leçon de l’Ukraine et de la Russie

Pour illustrer son propos, Fangnon s’appuie sur l’exemple de la guerre en Ukraine. Selon lui, la Russie a résisté aux pressions occidentales non pas grâce à des discours, mais parce qu’elle possède une industrie militaire solide et une maîtrise technologique lui permettant de produire ses propres armes sophistiquées. « Le monde entier a déversé des armes en Ukraine. Pourtant, Vladimir Poutine a tenu, parce que les Russes ont su fabriquer leurs propres armes. Aujourd’hui, même les États-Unis sont obligés de négocier avec lui », souligne-t-il.

Un appel au réveil des consciences

Fangnon Kofi Samuel invite donc les Africains, et en particulier les élites, à changer radicalement de paradigme. La souveraineté, insiste-t-il, ne se décrète pas, elle se construit. Elle passe par la capacité de l’Afrique à fabriquer ses propres munitions, ses propres machines, ses propres technologies.

« Soixante ans après les indépendances, nous sommes incapables de fabriquer un simple vélo, et pourtant nous tapons la poitrine en criant que nous sommes souverains », lâche-t-il avec amertume.

“Je veux provoquer un électro-choc”

Conscient du ton parfois virulent de son discours, Fangnon assume son agressivité verbale. Elle n’est, dit-il, que l’expression d’une urgence : « Je ne suis pas agressif par plaisir. Je veux provoquer un électro-choc. Nos intellectuels doivent se réveiller de leur sommeil et identifier les véritables goulots d’étranglement qui empêchent notre développement économique et militaire. »

Pour lui, tout ramène à un mot clé : la technologie. Sans elle, l’Afrique continuera de tendre la main, de subir les rapports de force internationaux et de voir ses richesses confisquées. Avec elle, le continent pourra enfin se tenir debout, maître de son destin.

Par Koffi Didi HOUNNOU

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