“Guerre de Six Jours“ en RDC: le ras-le-bol des victimes, 23 ans après 

“Nous attendons notre indemnisation, mais  cela ne nous arrive pas. Nous avons des regrets parce que certaines victimes meurent car elles  n’ont pas  la possibilité de se faire soigner. Veulent-elles (les autorités) détourner (l’argent) ?, a déploré Katusi Etefa, vice – président de l’association des victimes des guerres de Kisangani, au micro de la radio locale Okapi.

Par Karl DOVONOU

La “guerre de six jours“’ à Kisangani a été l’un des épisodes les plus sanglants de la deuxièmes guerre en République démocratique du Congo (1998 à 2003). Du 5 au 10 Juin 2000, armés Rwandaise et Ougandaise se sont affrontées en plein cœur de cette ville de la province de Tshopo.  Des combats  féroces  et  interrompus, ont endeuillé cette partie du  RDC, faisant 1000 victimes, civiles et plusieurs centaines de blessées. De nombreux bâtiments ont été détruits, les villages aux alentours brûlés, la ville en porte encore les stigmates.

23 ans après cette atrocité, ni le Rwanda, ni l’Ouganda,  n’ont présenté d’excuses. La Cour internationale  de Justice (CIJ) en Février 2022,  a condamné l’Ouganda à verser 325 millions de dollars pour les dommages causés, lors  de son  intervention militaire entre 1998 et 2003. Certains observateurs dénoncent l’opacité qui entoure la gestion de cet argent. Le 1er  Septembre de chaque année jusqu’en 2026, le trésor Ougandais devra verser 65 millions de dollars à la RDC, le Rwanda, lui, n’a pas été  poursuivi, la CIJ s’était déclarée incompétente. Kampala a commencé par payer sa dette  de guerre. Le premier versement a été effectué en septembre 2022. Mais les victimes disent ne pas encore vu la couleur de l’argent.

Après une gestion hasardeuse de l’argent des réparations par le ministère des Droits humains, un établissement public a été créé pour organiser les fonds d’indemnisation. L’ancien ministre des droits humains, André Lite, est en procès pour mauvaise gestion des 500 000 dollars que le gouvernement avait mis à sa disposition, en vue du dédommagement des premières victimes à Kisangani. “Mais le reste de l’argent n’est pas détourné, il y a beaucoup de conditions qui entourent son utilisation“ a assuré  Joseph Khasa Mabika, conseiller en justice traditionnelle au ministère des droits humains. A noter que les membres du conseil d’administration de l’établissement public, chargé de la gestion transparentes des fonds n’ont été nommés qu’au début Mai par le président Félix Tshisekédi.

En l’absence de cérémonie officielle, survivants et organisations de la société civile commémorent les victimes de la “guerre de six jours ‘’ avec les moyens de bord.  Début Juin, une Conférence a réuni 200 personnes dans la cathédrale Notre-Dame du très Saint-Rosaire et un culte œcuménique prévu dans l’un des cimetières de la ville. Cependant, tout ça pour les victimes ne peut remplacer les réparations qu’ils attendent.