Bénin : Célestine Zanou : le cri d’alarme d’une conscience républicaine face au projet de Sénat
Dans un message au ton grave et empreint de responsabilité patriotique, Célestine Zanou, figure respectée de la scène intellectuelle et politique béninoise, a pris la parole pour alerter sur les dangers du nouveau projet de révision constitutionnelle initié par le régime en place. Dans un texte solennel, presque testamentaire, elle invoque le devoir, la Constitution et la mémoire collective pour dénoncer ce qu’elle qualifie de tentative de « délitement de la démocratie béninoise »
Une parole dictée par le devoir
Dès les premières lignes, le ton est donné : « Par devoir je prends la parole et la Constitution en ses articles 15 et 23 m’en donnent le droit ». Célestine Zanou se place ainsi dans une posture morale et civique, celle d’une citoyenne éclairée qui ne saurait rester silencieuse face à ce qu’elle perçoit comme une menace pour la République.
Ce devoir, dit-elle, s’enracine dans son parcours et dans son engagement constant pour la cause nationale. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un simple cri d’indignation, mais d’un acte de fidélité à l’histoire démocratique du Bénin.
Le prétexte du Sénat : un détour pour une nouvelle République
Le cœur du message repose sur une critique frontale du projet de création d’un Sénat, présenté comme le motif principal de la nouvelle révision constitutionnelle.
Selon Célestine Zanou, l’initiative n’est qu’un « prétexte » destiné à « créer une nouvelle République », autrement dit, à rebattre les cartes du pouvoir au profit du régime actuel.
Elle dénonce une manœuvre politique « méthodiquement manipulatrice », un projet qui, sous couvert d’une réforme institutionnelle, cache une ambition autocratique : « Le véritable souhait du régime est de créer une nouvelle République avec des conséquences politiques sismiques. »
Un appel aux aînés de la Nation
La charge morale du message se concentre sur l’interpellation directe des anciens dirigeants – anciens présidents, anciens présidents d’institutions et anciens chefs d’état-major – qui, selon le projet, composeraient ce futur Sénat.
Célestine Zanou les appelle à ne pas prêter leur nom à ce qu’elle considère comme une « corruption autocratique ».
Dans un passage saisissant, elle s’adresse à eux avec une lucidité désarmante :
« Ce n’est pas au soir de sa vie, en sexagénaires, en octogénaires et en nonagénaires qu’on s’invente une vie de dictateur, de suppôt de dictature ou de collabo. »
Elle leur demande de parler, de rompre le silence, rappelant que ce silence pourrait être interprété comme une complicité : « En ces circonstances, le silence vaut consentement, acceptation, complicité, caution, compromission. »
Une rhétorique républicaine et symbolique
Fidèle à son style, Célestine Zanou manie la langue française avec élégance et puissance symbolique.
Elle convoque les mythes anciens — Prométhée contre Zeus — pour traduire le combat éternel entre le savoir et la servitude, entre la lumière et la domination.
Son texte s’élève ainsi au-delà du simple discours politique pour rejoindre le registre du manifeste moral : un appel à la résistance de la conscience, au sursaut des valeurs et à la défense du patrimoine démocratique conquis de haute lutte depuis 1990.
Une voix parmi les dernières gardiennes de l’esprit du Renouveau
Dans le paysage politique béninois actuel, où les voix discordantes se font rares, l’intervention de Célestine Zanou sonne comme celle d’une conscience républicaine qui refuse la résignation.
Elle rappelle à la fois le devoir de vigilance citoyenne et la responsabilité historique des aînés de la République face à la tentation du pouvoir absolu.
Son message, loin d’être une simple critique, est un avertissement : celui d’une femme d’État qui voit poindre le risque d’un basculement institutionnel aux conséquences irréversibles.
Et lorsqu’elle conclut par « Le peuple veut vous entendre ! », c’est moins une supplique qu’un mot d’ordre — une invitation à renouer avec l’esprit du dialogue, de la vérité et de la responsabilité collective.
Oladélé
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