Présidentielle 2026 au Bénin : La Cour constitutionnelle examine cinq recours décisifs
À moins de six mois de la prochaine élection présidentielle, la Cour constitutionnelle du Bénin se penche ce lundi sur cinq recours majeurs qui pourraient profondément influencer le paysage politique national et la configuration du scrutin prévu pour avril 2026. Ces dossiers, introduits par divers acteurs politiques, portent sur des questions cruciales de parrainage, de recevabilité des candidatures et de respect des droits politiques fondamentaux.
Cotonou, le 27 octobre 2025 —
Les recours au cœur de la controverse
Selon les informations rapportées par plusieurs sources concordantes, dont Le Matinal, Les 4 Vérités et Le Béninois Libéré, la haute juridiction a inscrit à son rôle de ce jour cinq affaires.
Elles émanent en grande partie du parti Les Démocrates (LD), principal mouvement d’opposition, mais aussi d’autres citoyens contestant certaines décisions administratives liées à la présidentielle.
1️⃣ Recours sur la validité des parrainages
Plusieurs requérants, dont les représentants du parti Les Démocrates, contestent le retrait ou le refus de parrainage par certains députés et maires.
Le cas le plus emblématique reste celui du député Michel Sodjinou, accusé d’avoir retiré son parrainage à la dernière minute. Les plaignants estiment que ce retrait viole les textes et les délais fixés par la loi électorale.
« Le parrainage est un acte administratif à effet irrévocable. Sa rétractation en dehors des délais légaux constitue une violation manifeste du principe de sécurité juridique », a plaidé Me Fade Olatoundji, avocat du parti d’opposition.
2️⃣ Recours pour acceptation de candidatures rejetées
Certains candidats déclarés irrecevables par la Commission électorale nationale autonome (CENA) demandent à la Cour de réhabiliter leur dossier, estimant avoir rempli toutes les conditions requises.
Ces recours soulèvent la question de la transparence des critères de validation et du pouvoir discrétionnaire de la CENA dans la sélection des candidats.
3️⃣ Recours pour privation de droits politiques
Des militants dénoncent une privation du droit de se présenter ou de parrainer librement, arguant que les pressions politiques sur les élus ont faussé le processus de parrainage.
Certains requérants affirment que la mécanique actuelle du parrainage « enferme » la compétition électorale entre deux blocs politiques, réduisant la pluralité démocratique garantie par la Constitution.
4️⃣ Recours en urgence pour abus de minorité
Une autre requête vise à dénoncer un « abus de minorité » au sein de l’Assemblée nationale, où certains députés se seraient vus empêchés d’exercer leur liberté politique. Ce dossier met en lumière le déséquilibre des forces entre majorité et opposition, ainsi que les tensions internes dans la classe politique.
5️⃣ Recours sur la compétence de la Cour
Enfin, un recours d’ordre procédural conteste la décision de la Cour de se déclarer incompétente dans une affaire antérieure déposée par Les Démocrates. Les requérants estiment que la Cour ne peut se soustraire à son rôle de garant de la Constitution en refusant d’examiner un litige relatif aux droits politiques fondamentaux.
Enjeux politiques et institutionnels
Ces cinq recours cristallisent l’ensemble des frustrations d’une opposition qui se dit écartée du jeu démocratique par le système du parrainage instauré sous la réforme constitutionnelle de 2019.
Pour rappel, tout candidat à la présidentielle doit obtenir parrainage d’au moins 10 % des élus (députés et maires), soit 16 signatures. Or, dans un Parlement et des conseils communaux largement dominés par les partis proches du pouvoir, cette exigence est perçue comme un verrou politique.
L’issue de ces recours pourrait donc :
- soit réhabiliter certaines candidatures jusque-là exclues du processus,
- soit confirmer le statu quo, consolidant la position du pouvoir en place.
Réactions et climat national
Dans les rangs du parti Les Démocrates, les attentes sont fortes. Le Premier vice-président du parti, Éric Houndété, a appelé la Cour à « faire prévaloir le droit sur la politique ».
Du côté du pouvoir, les responsables du Bloc Républicain et de l’Union Progressiste le Renouveau défendent la légitimité du parrainage, qu’ils considèrent comme « un filtre de responsabilité politique ».
Sur les réseaux sociaux, la population reste partagée : certains appellent à une décision équilibrée et juste, tandis que d’autres redoutent que la Cour, perçue comme politisée, n’entérine des décisions déjà orientées.
Et après ?
Les audiences de ce jour devraient permettre à la Cour constitutionnelle de rendre ses décisions dans les prochains jours.
Elles seront déterminantes pour la suite du processus électoral et, plus largement, pour la crédibilité du scrutin de 2026.
Quelle que soit l’issue, ces recours traduisent une tension croissante entre légitimité juridique et légitimité politique, dans un Bénin en quête d’un nouvel équilibre démocratique.
par Oladélé
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