Prédisposé à la retraite politique, Boni Yayi réfractaire

A l’actif de Thomas Boni Yayi, ce sont 25 années d’activisme politique dont dix consacrées à la gestion du pouvoir d’Etat au Bénin. Septuagénaire révolu, pourquoi l’ancien président devient chef de parti, réitérant son attachement aux projets politiques à l’horizon 2026, avec pour but principal, l’alternance au sommet de l’Etat béninois ?

Novembre 28, 2023 - 13:06
 0  96
Prédisposé à la retraite politique, Boni Yayi réfractaire
Dr Thomas Boni Yayi, ancien chef d'Etat et président du principal parti d'opposition au Bénin
Prédisposé à la retraite politique, Boni Yayi réfractaire

A l’actif de Thomas Boni Yayi, ce sont 25 années d’activisme politique dont dix consacrées à la gestion du pouvoir d’Etat au Bénin. Septuagénaire révolu, pourquoi l’ancien président devient chef de parti, réitérant son attachement aux projets politiques à l’horizon 2026, avec pour but principal, l’alternance au sommet de l’Etat béninois ?

Par Anicet TIDJO

A la surprise générale des béninois et de la communauté internationale, Thomas Boni Yayi renonce, mi-septembre 2023, lors du premier congrès ordinaire du parti des Démocrates patriotes (PDP), dont le nom générique est “Les Démocrates“, à son titre de président d’honneur et prend, le rôle principal, celui du président en remplacement de Eric Houndété, parlementaire qui siège à la neuvième législature du parlement béninois. L’ancien président béninois conduit désormais au profit de la principale force politique d’opposition béninoise, un bureau de 90 membres avec pour leitmotiv, l’alternance au sommet de l’Etat en 2026. L’homme d’Etat béninois s’était promis à l’évangélisation à sa fin de règne à la Marina. Cependant, les donnes ont vite changé.

Yayi, une résistance due 

En sa qualité d’ancien président de la République, Yayi a presqu’été traité de “vil individu“ sous la première mandature du régime de la “Rupture“ ou “Bénin Révélé“. Assigné en résidence surveillée suite aux contestations post-législatives de 2019, il a fallu l’intervention de ses collègues de la Sous-région et même des chefs d’Etats afin qu’il recouvre sa liberté, 52 jours plus tard avec des interpellations sériées, dans son entourage immédiat. A-t-il aussi perdu dans la foulée, son leadership à la tête des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), cette formation politique dont il était incontestablement, le président d’honneur. Dépossédé à un moment donné de toutes ses forces politiques, il a tout de même gardé le populisme et l’affection à lui offerts par les populations béninoises qui nourrissent inconditionnellement de l’admiration pour sa personne. Ses rares apparitions publiques sont synonymes de bains de foule. Cet état de choses dérange et l’idéale pour les sbires du régime en place, aurait été son retrait quasi entier de la scène politique béninoise. Il y a été aidé de diverses manières et a même été poussé à la sortie, sans gain de causes. Si des acteurs politiques comme Amoussou Bruno, Antoine Idji Kolawolé, Mathurin Nago et bien d’autres ont été retirés du premier plan de la scène politique,  Yayi lui refuse de subir un tel sort.

Si Yayi se refuse de laisser le champ libre à Talon et ses hommes, c’est parce que eux, leur mode de gouvernance met à mal, la politique elle-même et ses acteurs, la paix, la cohésion sociale, la démocratie et toutes les valeurs humaines qu’on ne devrait pas marchander, dans un Etat de droit. Yayi qui aime si tant le peuple béninois ne peut en aucun cas, dormir sous son laurier, estimant un changement de comportement ou un miracle de ce régime qui fonce tête bercée et rudoie tout sur son passage.

Yayi pouvait tenir sa promesse relative à l’évangélisation après la Marina, si sa propre paix et celles de ses proches n’avaient été menacées. Il pouvait se retirer de la scène politique, s’il n’avait pas eu le sentiment d’être soumis à une éviction poussée. Il pouvait s’adonner à une retraite politique si leur adversité politique avait été vidée pour faire place à une véritable réconciliation. Aussi, il pouvait se donner une retraite paisible, s’il avait pu obtenir de son successeur, des concessions sociopolitiques. Au delà de tout, les non-dits de leur guéguerre pourraient cacher assez de raisons que personnes d’autres ne saurait évoquer à part eux-mêmes, Talon et Yayi.

Sans lâcher prise, Yayi est parvenu à avoir, par le truchement des Démocrates, 28 députés au parlement et a repris la casquette de chef de parti pour obliger Talon et son régime à le reconsidérer autrement. Ayant en ligne de mire, les élections générales de 2026, il s’évertue déjà à sauter le verrou du parrainage pour un scrutin inclusif en saisissant la communauté internationale. Il projette par ailleurs, unifier toutes les forces de l’opposition. Il est à l’origine  des tractations diverses avec les responsables. Pour l’heure, il n’ose plus faire confiance à qui que ce soit ; il doit tout faire par lui-même pour s’assurer de ne plus se faire trahir.

Boni Yayi est en droit de demeurer politicien à vie tant qu’il ne cherche pas à violer l’article 42 de la Constitution. Ceux que l’activisme politique de Yayi dérange aussi, sont en droit de lui rendre la tâche difficile et il en va de soi. Ceci est du ressort et du jeu politique. Tous les coups sont permis sauf, la violence et la remise en cause de la sécurité des biens et des personnes.

Devenus officiellement adversaires politiques et sur tous les fronts en 2012, Yayi et Talon, deux anciens partenaires d’affaires, ont entretenu cette inimitié qui a conduit à l’élection de l’actuel président en 2016. 15 ans plus tard, soit en 2026 n’allons-nous  pas assister à un match retour, étant-donné qu’aucun pas vers la paix n’est effectué entre eux deux ? Talon prépare en douceur sa succession. Yayi à visage découvert, est favorable même aux alliances contre nature pour l’alternance démocratique. Il sera malheureusement, déplorable d’enregistrer de nouvelles victimes –prisonniers politiques, exilés politiques…- advenues de ce combat politique qui perdure dans le temps alors que la majorité des béninois, vit la précarité dans le désespoir.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow

NewsAfrika "Né en septembre 2014 à Cotonou au Bénin, NEWS AFRIKA est une agence de presse et de communication à potentialités plurielles dans le domaine des médias tout entier: Presse écrite; presse en ligne; production audiovisuelle; montage graphique; rédaction de projet de discours, de plan de communication, de stratégie de communication...."